Aujourd’hui je vais vous parler d’un aspect très personnel de ma vie. Les raisons de certains départs sont parfois liées à des bonheurs, d’autres à des blessures, toujours à de la résilience. Je vous expliquais dans cet article que certains voyages étaient des épreuves que l’on s’offrait, et mon voyage au Japon reste un souvenir complexe et mouvant, entre amour, et guérison.
Il y a 7 ans, j’ai avorté.
J’avais 24 ans, et pour de multiples raisons, ce n’était pas le moment pour moi d’avoir un enfant. Aujourd’hui, j’écris un livre à ce propos, alors je me suis replongée dans cette période très particulière de ma vie. Je me souviens que ce qui m’a manqué, c’était de n’avoir accès à aucune espèce de rituel, que je ne savais pas où mettre mes émotions.
J’ai appris il y a quelques mois, un an peut-être, que les japonais, eux, avaient un rite bouddhiste pour les enfants non-nés, ou ayant très peu vécus. Les avortés, les enfants mort-nés ou issus de fausse-couches, et ceux partis très très tôt. Cela n’est pas étonnant, au vu de la richesse et des nuances qui semblent régner au pays du soleil levant.
Toi qui a voyagé au Japon, tu as vu certainement des petites statues habillées de bonnets et de bavoirs rouges, n’est-ce pas? Laisse-moi t’expliquer d’où cette coutume vient.
Voici donc l’histoire de Jizo
Dans la religion bouddhiste, lorsqu’une personne meurt, son âme a tout un périple à faire avant d’atteindre le paradis. L’une de ces étapes est la traversée du fleuve des trois chemins, Sanzu-kawa, se trouvant dans les limbes. Sur les berges du fleuve se trouve le couple de la vieille Datsue-Ba, et le vieux Keneô. Datsue-Ba dévêtit les âmes et Keneô pèse les vêtements, afin de voir si l’âme a recueilli suffisamment de bonnes actions, et si elle mérite le paradis.
Pour toutes ces minuscules âmes, il n’y a pas eu assez de temps pour réaliser des bonnes actions, ils sont coincés. Le couple de démons leur propose alors une seconde solution : faire un immense monticule de cailloux pour atteindre le paradis. Mais étant donné que ce sont des démons, ils s’amusent à détruire les monticules dès que les enfants les démarrent.
C’est la joie, n’est-ce pas?
C’est là que Jizo entre en scène. Lui a refusé de devenir un Bouddha, alors qu’il avait accédé au niveau suprême de l’éveil et y avait droit. Il veut d’abord vider les enfers. Le voilà alors sensible à ces pauvres enfants coincés dans les limbes. Il les cache dans les manches de son vêtement, et les fait traverser en douce le fleuve, au nez des deux salopards.
Des petits cadeaux pour les enfants perdus
Voici donc l’explication de toutes ces petites statues vêtues de rouge, et devant lesquelles on voit souvent des petits cadeaux, jouets ou nourriture.
Les parents endeuillés viennent en fait rendre à leurs enfants leurs vêtements volés, et les aident à construire leur petite montagne de cailloux en en laissant quelques uns sur la tombe. Ils leurs apportent aussi un peu de nourriture, des jouets, des petits présents, et des offrandes à Jizo en guise de remerciements.
Jizo est aussi le saint protecteur des voyageurs-euses.
Il aide à traverser ce fleuve, on peut aussi le considérer comme un protecteur du trajet, de la traversée, du périple. Il protège contre les vilains, contre les accidents, celui ou celle qui a un voyage à faire.
On l’aime donc bien, non?
Aucun commentaire