Il existe un immense cimetière, au Japon, sur le mont Koya. Le mont Koya est la montagne la plus sacré du Japon, quant à son cimetière, il n’est même plus sacré, il est presque magique.
On l’atteint en prenant des trains rapides, un train plus lent, puis un funiculaire très très penché.
Je ne sais pas quelle image toi, tu as du Japon, mais en ce qui me concerne j’y allais en pensant aux esprits de la forêt, aux petits sylvains de Princesse Mononoké, aux divinités dans les thermes du voyage de Shihiro etc… J’avais envie de sacré, j’avais envie de magie.
Rejoindre Koyasan, au fil des trains
Quand tu planifies un voyage à Koyasan, le trajet a l’air désepérant, complexe, et long, alors que très vite tu verras d’autres touristes qui se rendent tous au même endroit. Mais ils n’étaient pas si nombreux, comme il faut un peu mériter Koyasan, ça n’est pas une destination trop prisée.
Depuis Osaka jusqu’à Gokurakubashi, les paysages ruraux défilent à travers la vitre du train, et les premières montagnes se dessinent. Une fois arrivés à Koyasan, il reste quelques minutes d’un funiculaire qui me semblait presque vertical, la brume s’épaissit… et me voilà arrivée.
À Koyasan, j’ai dormi chez les moines !
J’avais décidé non pas de dormir dans un hôtel ou une auberge, mais dans un monastère. La petite ville de Koyasan regroupe de nombreux (nombreux!!!) temples et monastères, et les moines ouvrent leurs portes aux touristes, moyennant des prix tout de même assez élevés. J’avais choisi une chambre privée, de partager les repas avec les moines le soir, et d’assister aux prières matinales.
Autant la chambre était très agréable, autant les repas n’étaient pas vraiment à mon goût, et pas très copieux. Heureusement au coin de la rue se trouvait un joli petit café où j’ai pu acheter de quoi remplir mon ventre, seule dans ma chambre le soir, devant Netflix (=le bonheur).
Je ne sais pas si c’est dû au fait que j’ai moi-même fait une retraite de méditation, mais j’ai trouvé le rituel de la prière matinale assez sommaire et « tourist-friendly », à savoir que c’était très court, sans explications, et sans directives pour que les groupes de touristes évitent de ricaner et de papoter.
Qu’est-ce qu’il a de si sacré, ce cimetière ?
Et bien la légende veut que le vénérable Kobo Daishi n’y est pas vraiment mort, qu’il médite dans sa tombe dans l’attente du prochain Bouddha, et que toutes les âmes reposants dans le cimetière autour de son tombeau pourront les suivre en premier.
Cela explique pourquoi il y a plus de 200 000 tombes.
Bienvenue dans un autre monde
Pour arriver au cimetière, il faut traverser le pont Ichi no Hashi, ce qui revient à pénétrer un autre monde, hors du temps. Une fois de l’autre côté, on est emporté par les milles nuances de vert, l’odeur des cèdres immenses, les rayons de lumières au travers des branchages qui viennent caresser les tombes.
Je suis souvent sortie du sentier, pour rendre visite aux tombes éloignées, effondrées parfois, bataillant avec des racines, ou recouvertes intégralement de mousses. Et toujours ces petits Gizo par-ci par-là tachetant de rouge vif l’océan vert.
Une fois traversé le cimetière (comptez une grosse heure si vous prenez votre temps), vous arriverez au pont Gobyo no Hashi, menant à un espace où la nourriture, les boissons et les photographies sont interdites. De l’autre coté se trouvent le Toro-do, pavillon des lanternes, et l’Okunoin, où repose Kobo Daishi. J’ai préféré y aller de nuit, et je n’ai pas regretté. J’ai un peu frissonné toute seule en forêt à la lumière des lanternes (et j’ai couru pour rattrapé un groupe, j’avoue), mais l’atmosphère de ce lieu était vraiment spécial, pas de photos, peu de paroles, beaucoup de respect, le feu, les arbres, les pierres…
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